Le voyage vers la lumière
Au Nikki Beach. Il y’a des jours que l’on ne choisit pas. Ils vous appellent, doucement, comme une brise sur la nuque. Ce matin-là, le soleil dansait déjà sur les volets, et nos cœurs, en silence, savaient. Nous devions partir. Laisser derrière nous la rumeur de la ville, les « il faut » et les « vite », et suivre cette intuition floue mais tenace : celle de vivre quelque chose de beau. De vrai.
Nous avons pris la route, à trois. Ma compagne, notre petit garçon de trois ans, et moi. Nous avons roulé, fenêtres ouvertes, le vent mêlant les rires et la mer au loin. La lumière se faisait plus dorée, plus vibrante, à mesure que nous approchions de Saint-Tropez. Et puis soudain, entre ciel et pinède, la promesse est apparue : Nikki Beach. Un nom presque murmuré dans les cercles des épicuriens. Une escale mythique. Une scène où la mer joue du bleu et le sable fait danser l’or.
L’arrivée : comme une page qui s’ouvre
Dès le portail franchi, quelque chose change. Ce n’est pas seulement le décor — palmiers aériens, voilages blancs, transats qui s’étirent au bord d’une piscine miroir. C’est l’air lui-même, saturé d’élégance et de douceur. On vous accueille sans emphase, mais avec cette grâce rare de ceux qui savent que le luxe le plus grand, c’est la simplicité vraie.
Notre fils, un peu impressionné, agrippe nos mains. Un sourire tendre lui est offert. Une petite chaise à sa taille, un jus de fruits pressés dans un verre coloré, et surtout, un regard qui dit : « Tu es le bienvenu ici. »
Nous nous installons à une table légèrement en retrait, sous l’ombre tendre d’un parasol ivoire. Le bois blond des tables, les nappes aux reflets nacrés, et cette musique — douce, présente sans être intrusive — forment une atmosphère suspendue. Nous sommes là. Ensemble. Dans l’instant.
L’éveil des sens
Le premier contact ne se fait pas par le goût. C’est la lumière, posée sur la peau. C’est le sel dans l’air. C’est la nappe qui bruisse légèrement quand notre petit y passe la main. Et puis vient le premier plat. Un amuse-bouche : carpaccio de daurade aux agrumes, perles de yuzu, pétales de fleurs comestibles. C’est un jardin marin. Un tableau.
Notre fils le regarde avec sérieux, puis touche une perle du bout du doigt. Il goûte. Et rit. Le goût l’étonne, l’amuse. Il recommence. Nous, nous nous taisons. Une bouchée suffit pour comprendre que nous sommes dans un lieu où la cuisine ne flatte pas. Elle raconte. Elle invite. Elle célèbre.
Le crescendo : une mer de délices
Le déjeuner suit le rythme lent de ceux qui n’ont pas à se presser. Un tartare de thon rouge, sublimé par une huile de sésame toastée, s’élève dans la bouche comme une mélodie grave. Puis une salade de homard, tiède, tendre, déposée sur un lit de jeunes pousses et de mangue rôtie. Un équilibre parfait entre la profondeur iodée et la lumière fruitée.
Notre petit garçon s’applique avec sa cuillère. Il demande, curieux : « C’est quoi ça ? » — « Du homard, mon cœur. » Il goûte. Grimace. Puis sourit. Il aime. Il n’oubliera pas.
Et pendant que nous découvrons un verre de rosé, frais, presque minéral, la mer s’approche, sans bruit. De notre table, on aperçoit les voiles blanches au loin, et le ciel, immense, sans filtre.
Une pause au creux du monde
Le service est fluide, sans heurt. On nous laisse respirer entre les plats, on vient s’assurer d’un mot doux que tout va bien. Mais sans jamais envahir. L’équipe est jeune, belle, sincère. Leur élégance est celle de ceux qui aiment vraiment ce qu’ils font.
Un granité au citron de Menton, discret, presque silencieux, nettoie le palais. Une fraîcheur d’innocence. Puis arrive le plat principal : un filet de loup rôti sur peau, accompagné d’un risotto à l’encre de seiche et d’une écume de coquillages. C’est profond, c’est précis. C’est l’essence même de la Méditerranée.
Notre fils, désormais à l’aise, parle aux serveurs. Il raconte des choses sans queue ni tête. Ils l’écoutent, attentifs, rient avec lui. Il est heureux. Il fait partie du tableau. Et nous, ses parents, avons les yeux qui brillent.
Le dessert : une envolée douce
Le moment sucré arrive sans fanfare. Une assiette déposée avec délicatesse. Une tarte fine à la figue, parfumée au romarin, accompagnée d’une glace maison au lait d’amande. C’est une caresse. Un souvenir d’enfance au cœur de l’été. Notre fils regarde la glace. Plonge sa cuillère. « C’est froid ! » dit-il en éclatant de rire.
Nous partageons tout. Les rires. Les miettes. Les sensations. Rien n’est figé. Le repas est une danse lente. Une poésie sensorielle. Et nous, les danseurs d’un jour.
Le temps après le temps
Le café est servi. Un ristretto précis, élégant. La mer, toujours là. Le ciel, désormais zébré de blanc. Les transats s’emplissent de murmures. Et nous, assis encore à notre table, ne savons plus l’heure qu’il est. C’est sans importance. Ce que nous avons vécu ici, à trois, ce n’est pas un simple déjeuner. C’est une traversée. Une ode à la beauté. Un moment d’éternité à hauteur d’enfant.
Notre fils, les joues roses de soleil, s’endort contre sa mère. Sa respiration paisible scelle ce moment. Ce déjeuner ne sera pas un souvenir. Il sera une empreinte. Un poème inscrit dans notre mémoire, à chaque bouchée, à chaque regard, à chaque souffle.
Et quand nous repartons, mains dans la main, nous savons. Nous reviendrons. Car certains lieux ne sont pas que des adresses. Ils sont des refuges. Des promesses. Des commencements.
Nikki Beach Saint-Tropez
Route de l’Épi, 83350 Ramatuelle, France
📞 +33 4 94 79 82 04
🌐 www.nikkibeach.com/st-tropez