Brasserie Roseaux
1 étoile DESTINATIONS FRANCE GASTRONOMIE LYON RESTAURANT ÉTOILÉ

Une ode à la tendresse, à la lecture et à la table : à la Brasserie Roseaux, Lyon 6

Un matin de printemps, un livre sous le bras, un enfant entre les bras

La Brasserie Roseaux : Il était un matin de mai, doux comme un chuchotement. Le ciel, lavé des humeurs de la veille, tendait ses promesses d’azur au-dessus de Lyon. Dans le quartier feutré du 6e arrondissement, les rues bordées de platanes semblaient elles aussi avoir ralenti, comme pour mieux respirer. Ils étaient trois. Un couple, et un petit garçon à la démarche encore hésitante. Entre leurs mains, un livre. Pas un de ces volumes lisses et glacés que l’on feuillette sans frisson, non. Un livre qui avait vécu, aux pages cornées, au cuir patiné. Un livre qu’on partage comme une histoire familiale. Ils venaient à la Brasserie Roseaux, guidés par un désir simple mais rare : lire ensemble. Manger ensemble. Vivre ensemble.

L’entrée dans un cocon : lumière, bois et murmures

Dès le seuil franchi, un monde s’est ouvert. Bois clair, nappes écrues, banquettes accueillantes, et cette lumière, tamisée, soyeuse, qui épouse les murs comme une caresse. La Brasserie Roseaux n’est pas simplement un restaurant. C’est un refuge. Un havre pour les âmes sensibles, les amoureux de l’instant.

On les installe près de la verrière. Là où les livres posés sur les étagères semblent chuchoter entre eux. Là où le regard se perd doucement dans le bruissement des feuillages, juste au-delà du verre. La serveuse, discrète et présente, dépose un coussin pour l’enfant, un sourire pour les parents. Pas un mot de trop. Juste ce qu’il faut pour que l’on se sente attendu, reconnu.

Une lecture à voix basse, un appétit qui naît

Le livre s’ouvre. Le père lit. La voix est douce, rythmée. L’enfant, fasciné, écoute. La mère sourit. Entre deux phrases, elle trempe un morceau de pain frais dans une huile d’olive verte et fruitée. C’est le commencement. Celui où la lecture et la table s’entrelacent.

Un amuse-bouche arrive : espuma de betterave sur un sablé au parmesan, éclats de noisette torréfiée. Un poème miniature. L’enfant tend la main, curieux. Il goûte du bout des lèvres. Grimace d’abord… puis un éclat de rire. Il aime. Il apprend à aimer.

La table comme un chapitre : chaque plat une page tournée

L’entrée est un ballet de couleurs : asperges blanches de la Drôme, œuf parfait, émulsion à l’estragon. Le jaune coule lentement, nappant les tiges encore croquantes. La texture, le goût, la chaleur… tout est dans la justesse. À chaque bouchée, c’est un mot qui s’ajoute à leur récit commun.

L’enfant, lui, a droit à sa propre assiette, pensée pour lui. Mini croque-monsieur au comté affiné, carottes confites, mousse de petits pois. Il explore. Il savoure. Il vit pleinement cette poésie gustative.

Le livre est refermé un moment. Ce n’est plus nécessaire. Ce sont les plats qui racontent maintenant.

Le cœur du repas : quand la cuisine devient littérature

Le plat principal arrive comme une promesse tenue. Filet de canette rôti, jus corsé au poivre de Timut, mousseline de céleri, poêlée de légumes racines. La viande fond dans la bouche, presque sucrée, presque fumée. Le poivre vibre en arrière-plan, comme une phrase en suspens. Rien ne domine, tout s’équilibre.

La mère ferme les yeux. Elle pense à un roman lu autrefois, une scène de table, un dîner d’enfance. Le goût appelle la mémoire. Le père observe son fils mordiller un haricot avec gravité. Il pense aux mots qu’ils échangent chaque soir, aux histoires qu’ils tissent avant le sommeil.

Ici, tout est lecture : celle des saveurs, des regards, des silences partagés.

L’instant suspendu : un interlude, comme un souffle entre deux vers

Un granité au citron confit, perles de yuzu, pousse de mélisse. L’enfant frissonne. Il rit. Les parents s’échangent un regard complice. L’instant est léger, aérien, presque irréel. C’est un souffle dans le récit. Un paragraphe blanc. Un espace pour ressentir, pour contempler.

Le livre est rouvert. Quelques lignes encore. Un dialogue tendre entre deux personnages d’un autre temps. L’enfant commente. Il commence à comprendre les mots. Il entre dans la danse.

La douceur finale : comme un point à la fin d’un poème

Le dessert arrive comme une déclaration. Tarte fine à la rhubarbe, crème montée à la fleur d’oranger, éclats de pistache. La pâte est croustillante, la rhubarbe acidulée juste ce qu’il faut. Le parfum de la fleur d’oranger évoque les bras d’une grand-mère, une cuisine du Sud, un souvenir.

L’enfant plonge sa petite cuillère, s’en met plein les joues. Il en redemande. Le père rit. La mère s’essuie une larme, discrète. Ce n’est pas la tristesse. C’est la gratitude.

La serveuse revient, propose un café. Les parents acceptent. Le temps, ici, ne presse jamais. Il se dilate, comme un bon roman que l’on n’a pas envie de finir.

Après le repas : flânerie, souvenirs et promesses

Ils sortent de la Brasserie Roseaux, doucement, comme on referme un livre aimé. Il est près de 14h. Les rues de Lyon continuent leur ballet discret. Mais eux, ils marchent un peu plus lentement. L’enfant tient la main de son père. Le livre est sous le bras de sa mère. Il sera relu ce soir, dans le lit, à voix basse.

Et demain, peut-être, ils reviendront. Peut-être pas pour manger. Peut-être juste pour s’asseoir, commander un thé, et lire. Car ici, à la Brasserie Roseaux, la lecture n’est pas un ornement. C’est une promesse tenue. Un lien entre les êtres. Un espace sacré.

Ce jour-là, à la table 7, trois âmes ont partagé bien plus qu’un repas. Elles ont écrit un chapitre ensemble.


Brasserie Roseaux

Adresse : 6 Rue Molière, 69006 Lyon
Téléphone : +33 4 87 65 39 29
Site web : www.brasserieroseaux.fr

Vous pourriez également aimer...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *