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Shellona à Saint-Tropez : un poème salé, écrit à trois

Une arrivée comme un prélude

Il est midi passé. Le soleil se hisse lentement au zénith, son reflet danse sur les flots comme une plume tombée du ciel. Les cigales chantent doucement, comme pour nous guider. Saint-Tropez, éclatante et tendre à la fois, se dévoile sous ses plus beaux atours. Nous quittons la promenade, main dans la main, notre petite fille entre nous, pas encore trois ans mais déjà l’âme curieuse. Le sable s’insinue entre ses petits doigts alors qu’elle trottine vers l’entrée du restaurant Shellona. Nous sommes ensemble. Un trio. Un amour ancien et un amour neuf, à la découverte d’un lieu qui, nous le pressentons déjà, n’est pas qu’un restaurant.

Derrière un rideau de voilages blancs dansant au vent, Shellona s’ouvre comme un songe. Des lattes blondes sous nos pieds, des coussins moelleux dans les tons d’argile et de crème, des palmiers qui oscillent paresseusement : tout ici est lumière, douceur, murmure. On nous accueille avec un sourire sans hâte. Le regard du serveur ne s’arrête pas à nous, les adultes. Il se pose aussi sur elle, notre fille, avec cette attention délicate, rare, qui fait déjà naître une confiance.

Un décor qui inspire les cœurs

Assis face à la mer, nous sommes enveloppés par un ballet de bleus : le ciel, la mer, les nappes. À Shellona, chaque détail semble avoir été pensé pour faire du moment un fragment d’éternité. La décoration mêle l’élégance grecque à l’épure tropicale : bois patiné, céramiques artisanales, suspensions de corde et musique douce, comme un soupir. Notre table est à l’ombre, un petit vent du large soulève les mèches folles de notre fille, qui rit en s’amusant avec sa petite cuillère. C’est ici, maintenant, que commence notre voyage.

L’entrée : un éveil lent et lumineux

Le premier plat arrive, et c’est comme un lever de rideau. Un carpaccio de dorade royale, presque translucide, parsemé de perles d’agrumes, de fenouil croquant et d’un trait d’huile d’olive citronnée. Une œuvre d’art posée sur une assiette d’émail. La première bouchée est pureté, netteté, vibration. On ferme les yeux, on écoute le silence des saveurs. Elle goûte du bout des lèvres, fronce le nez, puis sourit. Elle aime. C’est son premier poisson cru.

Le pain, fait maison, arrive dans un petit panier tressé. Craquant, encore chaud, il s’accompagne d’un beurre d’algues subtil. Notre fille le serre entre ses doigts comme un trésor et le mord avec gravité, concentrée. Ce moment lui appartient déjà.

Les plats : une mer intérieure

Vient ensuite le plat principal. Pour moi, un loup de Méditerranée grillé à la flamme, servi entier, dont la chair fond sous la fourchette. Autour, une purée de pois chiches aux zestes d’orange, des tomates confites et des pousses de roquette. Pour lui, des côtelettes d’agneau aux herbes, rosées à cœur, accompagnées d’une polenta crémeuse à la feta. Et pour elle, un petit plat confectionné spécialement : tagliatelles fraîches au beurre de thym, simples et douces, comme une chanson d’enfance.

Les assiettes sont généreuses, mais jamais pesantes. Il y a dans la cuisine de Shellona une légèreté maîtrisée, une élégance sans prétention. Chaque bouchée est comme une vague douce, qui monte, qui caresse, puis se retire. Nous échangeons nos plats, nous rions. Elle nous imite, goûte de tout, toujours avec la même curiosité rieuse. Nous sommes là, ensemble, dans le présent le plus pur.

Un instant suspendu, sous les voiles du vent

Le repas s’étire, sans urgence. Ici, le temps se retire comme la mer à marée basse. Nous parlons peu. Ce lieu ne demande pas de mots. Il les contient déjà. Nous écoutons le bruissement des feuilles, les rires discrets des autres tables, le frottement des verres. Shellona n’est pas un simple restaurant : c’est une respiration. Une parenthèse marine, une prière profane adressée à l’instant.

Notre fille s’endort un instant contre moi, le ventre rond et le cœur léger. Ses cils frémissent, bercés par les embruns. Nous la regardons, et dans ce regard, il y a tout. Ce que nous étions. Ce que nous sommes devenus. Ce que nous partageons, ici, maintenant.

Le dessert : une note de ciel

Le soleil décline, posant sur la terrasse une lumière dorée. Le dessert arrive comme un dernier baiser : une pavlova aérienne aux fruits rouges, surmontée d’une écume de vanille et d’un trait de miel de lavande. Elle se casse sous la cuillère comme une promesse tenue. Notre fille s’éveille juste à temps pour plonger dans la meringue, les lèvres rosées de framboises. Pour moi, une panna cotta au lait d’amande et au coulis de grenade. Pour lui, une mousse de chocolat noir, intense, corsée, avec un soupçon de fleur de sel.

Nous ne parlons toujours pas. Ou si peu. Il n’y a rien à ajouter. L’émotion se lit dans nos yeux. Dans cette main posée sur la table. Dans le rire soudain de notre enfant. Dans ce moment, qui sera à jamais le nôtre.

Après le repas : la mer en témoin

Nous quittons la table sans précipitation. La mer est là, immense, immobile, complice. Nous marchons sur le sable, pieds nus, elle entre nous, ses petites mains dans les nôtres. Nous savons déjà que nous reviendrons. Pas seulement pour la cuisine. Mais pour cette sensation rare, presque fragile : celle d’avoir vécu quelque chose de grand dans la simplicité.

Le soleil descend lentement derrière les collines. Le ciel s’enflamme. Et dans le silence doré de ce crépuscule, un mot s’impose à nous : gratitude.


Shellona Saint-Tropez
Plage de Pampelonne
Route de l’Epi
83350 Ramatuelle, France

Contact : +33 4 94 79 84 38
Site Web : www.shellonarestaurant.com

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