Dans les collines de Gassin, face aux vignes et au golfe de Saint-Tropez, La Verdoyante déploie son élégance discrète. Nous y avons vécu, à trois – Théodore, Siam et notre fille Ambre – un moment suspendu où cuisine, terroir et famille se sont accordés comme une partition juste et lumineuse.
L’histoire de La Verdoyante
La bâtisse de pierres blondes, posée sur le chemin de Coste Brigade à Gassin, fut d’abord une exploitation viticole au XIXᵉ siècle. En 1979, Fernand Mouret et sa mère Mireille eurent l’audace de transformer ce lieu agricole en table familiale. Leur intuition fut juste : les paysages de vignes et la lumière méditerranéenne méritaient un écrin gastronomique.
Aujourd’hui, Laurent Mouret dirige les cuisines avec son épouse Bérénice, perpétuant l’esprit de maison tout en l’inscrivant dans la modernité. Formé auprès de chefs étoilés, il cultive une cuisine qui conjugue respect du terroir provençal et inventivité mesurée. La Verdoyante n’est pas un hôtel mais une table familiale raffinée, référencée par le Guide Michelin et le Gault&Millau.
L’arrivée et le décor
Nous avons atteint Gassin par une route sinueuse, bordée de cyprès et d’oliviers. L’air était chargé de résine de pin et de sel marin, promesse de Méditerranée. Ambre, le visage collé à la vitre, s’émerveillait de voir les vignes plonger vers la mer.
En haut de la colline, la terrasse de La Verdoyante s’ouvrait comme un balcon suspendu : le bleu du golfe de Saint-Tropez se confondait avec le vert intense des ceps. L’accueil fut simple, souriant, presque amical. Les nappes blanches, les tables espacées, le murmure des cigales formaient une ambiance à la fois bourgeoise et champêtre.
L’expérience culinaire
Dès l’amuse-bouche – une panisse tiède relevée d’une pointe de fenouil confit – nous avons senti la justesse du chef. Chaque plat portait la Provence dans son assiette, mais transfigurée par des gestes précis.
Siam a choisi l’ombrine en croûte d’herbes, servie avec un confit de tomate et des légumes croquants : la chair du poisson, nacrée, trouvait un contrepoint végétal et acidulé. J’ai opté pour la poitrine de canard aux figues, escortée d’une compotée de fenouil : une alliance douce et sombre, relevée par une sauce soyeuse. Ambre, quant à elle, a eu droit à un filet de poisson plus simple, accompagné de légumes confits. Sa phrase enfantine, « ça sent le soleil », résumait mieux que nous la justesse des saveurs.
Le plat emblématique, la bouillabaisse au homard, passa devant nous à une autre table : généreuse, sophistiquée, servie dans le parfum de safran et d’iode. La tentation d’y revenir rien que pour ce plat est restée vive.
Les menus varient entre 35 € pour le déjeuner “Terroir” et 69 € pour un parcours dégustation. À ce niveau, l’expérience reste d’une grande accessibilité dans un golfe habitué aux excès tarifaires.

Un souvenir de famille
Nous avons terminé le repas par une tartelette aux agrumes, légère comme une brise d’été. Ambre, la bouche poudrée de sucre, riait aux éclats, attirant le regard bienveillant du personnel. C’est ce mélange rare – la précision d’une maison sérieuse et la chaleur d’une accueillante simplicité – qui nous a marqués.
Pourquoi venir à Gassin
Gassin est classé parmi les “plus beaux villages de France”. Ses ruelles pavées, ses panoramas sur la baie de Pampelonne et ses vignes en terrasse en font une halte idéale pour qui cherche autre chose que le tumulte tropézien. La Verdoyante y apparaît comme un prolongement naturel : une table panoramique où se concentrent les senteurs et les saveurs de la Provence.
Le souvenir et l’envie d’y revenir
Lorsque nous avons repris la route vers le village, le soleil s’inclinait derrière les vignes. La mer s’assombrissait, mais il restait dans nos esprits le parfum du fenouil et le souvenir d’une famille soudée autour d’une table.
Nous avons quitté La Verdoyante avec la certitude d’y revenir : pour goûter cette bouillabaisse au homard, pour revoir le sourire complice du chef Laurent Mouret, et pour offrir à Ambre, encore, la saveur du soleil dans l’assiette.
Car certains repas ne nourrissent pas seulement le corps, mais deviennent un héritage intime, un lieu où la mémoire et le goût se rejoignent.
📍 Encadré factuel
- Nom : Restaurant La Verdoyante
- Adresse : 866 Chemin Vicinal de Coste Brigade, 83580 Gassin, France
- Site web : www.la-verdoyante.fr