L’arrivée : Quand la ville s’estompe
Un dimanche de mai, la ville bruissait encore de ses derniers klaxons quand nous avons quitté le coeur de Lyon. La main dans celle de notre fille, nous marchions doucement vers un lieu dont le nom était un mystère poétique : Poissonchat. Rien qu’à le prononcer, l’imaginaire s’ouvrait. Mi-créature aquatique, mi-félin gracieux, ce nom chantait déjà une promesse : celle d’un voyage, d’une rencontre.
La façade apparaît, sobre et désign, comme une bulle soufflée hors du temps, au creux du 9e arrondissement. Le soleil dansait sur les vitres, les plantes ondulaient doucement. Notre fille, 4 ans, tirait doucement sur notre manche : « C’est ici ? On rentre dans une maison magique ? »
La découverte : une forêt de formes et de parfums
Dès la porte franchie, un monde sensoriel s’ouvrit. Bois brûlé, cuir blond, accents de pierre et d’acier. Les luminaires, suspendus comme des étoiles, murmuraient au plafond. Des courbes douces, des couleurs chaudes, un design immersif. Ici, chaque objet semblait parler, comme les protagonistes d’une fable contemporaine.
On nous installe dans une alcôve, où les banquettes molletonnées entourent une table ronde en terrazzo. Notre fille reçoit un coussin moelleux, un menu illustré à découvrir du doigt, et surtout : un sourire. Le premier plat n’a pas encore franchi la table que déjà, l’accueil nous a nourris.
Le commencement : silence, les sens parlent
Le temps ralentit. Le bruit du monde a cessé. Un amuse-bouche arrive : tartare de thon au yuzu, posé sur un galet noirci au charbon. Une touche de coriandre, un effleurement de sésame. Croquant, fondant, frais. Notre fille observe, goûte, puis sourit. « C’est la mer qui parle », chuchote-t-elle.
Le pain est servi tiède, légèrement brioché, accompagné d’un beurre fouetté au miso blanc. Un clin d’oeil d’ailleurs, une caresse d’ici. La fusion commence. Les continents se croisent sans heurt. L’Asie rencontre l’Amérique latine avec une douceur inédite.
L’envol : chaque plat est une histoire
L’entrée arrive comme une peinture : ceviche de dorade royale, leche de tigre coco-citron vert, grenade, et huile verte basilic-menthe. Les couleurs dansent. Le goût pétille. Le croquant du fruit, la tendresse du poisson, l’acidité précise… Une partition jouée avec ferveur mais sans démesure.
Puis un plat de boeuf grillé, cuit au feu de bois, accompagné d’un jus infusé au shiso rouge et purée de patate douce fumée. Le feu parle ici, mais sans rugir. Notre fille trempe un doigt, goûte, et dit simplement : « On dirait que ça fait un câlin dans la bouche. »
L’entre-deux : un théâtre de lumière et de rires
Entre les plats, nous levons les yeux. La lumière tamisée effleure les murs, les conversations sont feutrées, les enfants rient, les amoureux se regardent. On entend les verres s’entrechoquer comme de petits carillons. Ce restaurant n’est pas un lieu, c’est un instant suspendu.
La suite : douceur, profondeur, suspension
Un dessert s’avance comme un secret : sphère chocolat-gingembre, coeur passion, croustillant sarrasin. La cuillère s’enfonce, le coeur coule, nos regards aussi. La magie opère. Notre fille rit de bon coeur en voyant le chocolat se briser, comme un oeuf qui raconte une histoire. Elle plonge sa petite cuillère avec concentration.
Le temps qui reste : l’apprentissage de la lenteur
Le café est servi comme une dernière note sur une portée. Une douceur au sésame noir accompagne la fin. Mais en est-ce une ? Il semble qu’il y ait une vie avant Poissonchat, et une autre après. Nous sortons, main dans la main, le coeur rempli, l’âme légère.
Ce repas n’était pas un repas. C’était une chanson. Un moment de partage, d’éveil, de joie simple. Une maison d’émotions, à vivre ensemble, à transmettre. Notre fille sautillait sur les pavés. « On revient demain ? »
Informations pratiques
Poissonchat
55 ter Avenue René Cassin
69009 Lyon
Tél : +33 4 78 47 25 56
https://poissonchat-lyon.fr