Gigi
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Ode à un instant suspendu : un déjeuner en famille chez Gigi Ramatuelle

Une échappée belle vers la lumière

C’était un dimanche d’un autre temps, un de ceux qui ne cherchent pas à briller mais finissent par illuminer toute une saison. Nous avions quitté la ville au petit matin, nos valises remplies de sable encore collé aux doigts, de rires d’enfants, de silences partagés dans la voiture. Direction Ramatuelle. Direction Gigi.

Dès les premiers virages sinueux qui descendent vers la mer, un sentiment d’apaisement s’installe. Le bleu devient plus intense, l’air plus chaud, presque gorgé de lavande et de sel. Le petit, à l’arrière, s’endort un instant, comme bercé par cette promesse d’éclat. C’est notre premier vrai déjeuner à trois, en vacances. Et il aura le goût d’un souvenir fondateur.

Gigi : un théâtre de lumière et de saveurs

À l’arrivée, Gigi Ramatuelle se dévoile comme un décor de cinéma italien. La lumière filtre à travers les pins parasols, les voilages dansent avec nonchalance, et les rires s’élèvent, légers, presque timides. Le restaurant n’est pas simplement beau : il est vivant, vibrant, habité.

Un hôte élégant nous accueille avec une chaleur discrète. On sent que tout ici est pensé pour la douceur. Une table à l’ombre des oliviers, une chaise haute déjà prête pour notre enfant, un coussin moelleux posé avec soin. Pas un geste de trop, mais une attention dans chaque détail.

L’instant suspendu : une scène à trois

Avant même la première bouchée, le temps semble ralentir. Notre enfant, les yeux grands ouverts, regarde autour de lui comme on découvre un nouveau monde. Il touche la nappe, attrape une cuillère comme s’il s’agissait d’un trésor. Ce moment n’est pas encore gastronomique. Il est sensoriel, presque sacré.

Un amuse-bouche arrive : fine focaccia tiède, huile d’olive vierge, éclats de tomate confite. La simplicité d’un début qui dit déjà tout : ici, on cuisine avec le cœur. Notre fils goûte du bout des lèvres, puis en redemande. Nous échangeons un regard complice. C’est un rituel qui commence.

L’entrée : un prélude en forme de promesse

Le serveur dépose l’entrée avec la grâce d’un ballet. Burrata crémeuse, figues rôties, pistaches croquantes, filet de miel. Une ode à la douceur. En bouche, tout est équilibre : la fraîcheur du fromage, la chaleur des fruits, le sel discret de la terre.

Notre enfant goûte une cuillère. Il ferme les yeux. Il ne parle pas encore beaucoup, mais il comprend. Il sent. Il vit. Ce déjeuner devient, sans crier gare, une leçon d’éveil au monde.

Les plats : un voyage au cœur de l’Italie

Puis vient le plat principal. Pour moi, des linguine alle vongole, tendres, iodées, relevées d’un zeste de citron et d’une huile d’herbes folles. Pour elle, un risotto aux truffes, dense et velouté, avec des copeaux fondants, presque sensuels. Et pour lui, un petit plat préparé à part, comme un secret partagé entre le chef et un enfant curieux : des gnocchis au beurre et au parmesan, dorés, moelleux, irréprochables.

Nous mangeons en silence. Ou presque. Il y a les “Mmmh”, les “goûte ça”, les regards échangés, les sourires surpris. Chaque bouchée est un poème. Pas un de ces vers pompeux, non. Un poème simple, franc, lumineux. Comme une chanson d’Italie qu’on fredonne sans connaître les paroles.

Notre fils en réclame encore. Il tient sa fourchette à deux mains, maladroit mais déterminé. Il rit, il s’éclabousse, il goûte. Il vit.

Une parenthèse poétique

Au milieu du repas, nous faisons une pause. Un granité au citron de Sorrente arrive, frais, cinglant, presque solaire. C’est comme un coup de vent au cœur de l’été. Un instant de pureté.

Les conversations autour se font discrètes. À notre table, il n’y a que l’instant. Nos mains qui se frôlent. Notre fils qui regarde les feuilles danser au-dessus de lui. Une mouette passe. Un chien dort à l’ombre d’un figuier. Le monde s’arrête, mais il continue de battre, plus doucement.

Le dessert : la douceur en apothéose

Et puis le clou du spectacle. Une panna cotta vanille, fruits rouges frais, éclats de meringue. Servie dans une coupe transparente, comme une offrande. Notre fils éclate de rire en voyant la crème trembler. Il y plonge sa petite cuillère avec un sérieux de grand. Il goûte, lève les yeux vers nous, et dit enfin : “Encore”.

Je regarde ses joues pleines de soleil, ses doigts collants, ses yeux brillants. Et je me dis que c’est pour ça qu’on voyage. Qu’on mange. Qu’on partage.

Après le repas : le temps retrouvé

Le café arrive, et avec lui, un calme presque sacré. Nous restons là encore longtemps, sans nous presser. Le personnel s’éclipse à bonne distance, mais veille du coin de l’œil, comme des anges gardiens en lin blanc.

Notre enfant descend de sa chaise, vient se lover entre nous. Il s’endort bientôt sur nos genoux, le ventre plein, les sens apaisés.

Nous parlons à voix basse. De la beauté des choses simples. De la rareté des instants vrais. De ce déjeuner comme un tableau que le temps n’effacera pas.

Une trace dans la mémoire

Ce repas n’était pas seulement une pause dans la journée. C’était une offrande. Une ode à l’amour, à la famille, au goût. C’était un livre qu’on feuillette doucement, une lecture à trois voix, dont chaque page sent la mer, l’huile d’olive et les rires d’enfants.

Il y a des lieux qui nourrissent. D’autres qui transforment. Gigi Ramatuelle fait les deux. Il ne s’agit pas seulement de bien manger. Il s’agit de vivre pleinement. Ensemble.


Gigi Ramatuelle
1050 chemin de l’Épi, 83350 Ramatuelle, France
📞 +33 4 90 97 20 65
🌐 https://www.gigi-restaurant.com

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