L'Etabli
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L’établi à Lyon : Une ode amoureuse au goût, à la lenteur, à l’instant

Quand les pas dérivent vers la promesse d’un moment suspendu

Un samedi de mai, quand les marronniers s’ouvrent au vent et que la ville semble murmurer au lieu de gronder, nous avons quitté notre appartement, main dans la main, notre enfant blotti contre nous. Pas après pas, nous avons traversé les rues du deuxième arrondissement de Lyon, jusqu’à la discrète rue des Remparts d’Ainay. C’est là que se cache un écrin de douceur et d’audace : L’Établi.

La façade ne cherche pas à briller. Elle attend. Elle invite, doucement. Comme une page blanche qui n’attend que nos mots, nos regards, nos silences. Ce ne sera pas un simple repas. Ce sera un voyage, une confidence murmurée à trois voix.

L’entrée dans le lieu : un accueil qui touche le cœur

Nous franchissons la porte, et aussitôt le tumulte de la ville s’efface, comme lavé par un souffle invisible. La lumière filtre, douce, caressante. Le bois clair, les lignes nettes, la décoration à la fois brute et poétique créent une harmonie rare : celle d’un atelier d’artiste, où chaque détail a une raison d’être.

Notre petit garçon est reçu comme un hôte à part entière. Une chaise préparée pour lui, un sourire complice du serveur, et ce regard que seuls les lieux habites savent porter sur l’enfance. Nous sommes attendus. Pas simplement notés dans un carnet de réservations. Attendues, comme on attend des retrouvailles.

La mise en bouche : quand les saveurs racontent des poèmes

Le pain est encore tiède, la croûte chante sous les doigts. Un beurre légèrement salé le rejoint, comme un duo ancien. Premier frisson. Puis viennent les amuse-bouches, ces miniatures éphémères. Un soupçon de betterave, un trait de miso, une explosion de verveine. Chacun de ces fragments parle un langage oublié, celui des textures, des équilibres.

Notre enfant picore, curieux. Il y a dans ses yeux une ouverture, une attention neuve au monde. Goûter devient un acte de découverte. Il sourit. Nous aussi.

Premiers plats : une cuisine qui éveille, qui chuchote, qui étreint

Langoustine, concombre et verveine. Une assiette comme un tableau d’aquarelle, où le vert répond à la nacre, où chaque ingrédient danse sans empiéter. La chair est douce, la verveine s’immisce, légère comme un secret d’été.

Canette, rhubarbe et betterave. Une association que nous n’aurions jamais osée, et qui pourtant paraît évidente une fois goûteée. La rhubarbe réveille, la betterave ancre. La canette, rosée, se laisse découvrir, mordue par l’acidulé. C’est un plat qui regarde vers l’avenir tout en honorant le passé.

Entre chaque service, le temps ralentit. Nous nous parlons moins, car tout est dit dans les gestes, les regards. Le restaurant ne cherche pas à impressionner. Il invite à ressentir.

Un enfant, deux parents, et un moment suspendu

Notre fils découvre des goûts nouveaux. Il fronce les sourcils, s’exclame parfois. Il touche, il hume, il goûte encore. Il n’est pas spectateur. Il est acteur de cette fête sensible. Sa cuillère devient boussole, sa bouche une carte du monde.

Lotte, framboise et miso. Nous sommes stupéfaits. Le plat est à la fois audacieux et rassurant, presque enfantin par ses couleurs, mais terriblement subtil par sa complexité. Il y a du fruit, du fond, de l’émotion.

Interlude glacée : un souffle de verveine, un soupir d’équinoxe

Un granité vient caresser les papilles. La fraîcheur est pure, le pamplemousse murmure, le citron réveille. On respire. Ce n’est plus un repas, c’est une promenade sensorielle, un long poème en plusieurs strophes.

L’apogée : quand le plat principal devient confidence

Ris de veau, verts et framboise. Nous osons. Et nous sommes récompensés. Le ris est croustillant, la verdure enrobe, la framboise vient comme une note haute, inattendue. C’est un plat de contrastes, comme la vie. Il parle à l’intime, à la chair, au souvenir.

Notre fils le goûte aussi. Il hoche la tête. « Encore », dit-il.

Douceur finale : comme un songe sucré d’enfance retrouvée

Olive, bergamote, grenade et vanille. Un dessert qui semble sorti d’un conte. Il y a de l’étrangeté, de la lumière, des terres lointaines. La vanille berce, la grenade éclate, l’olive intrigue. Ce dessert ne conclut pas. Il prolonge. Il laisse une empreinte.

Le dernier plat arrive : rhubarbe, café vert et citron. Une dernière caresse acide et florale. Notre enfant rit. Le sucré le charme. Ses mains sont tachées de jus. C’est la vie qui s’exprime, brute et belle.

Après le repas : un monde réenchanté

Le service reste, discret mais présent. Le chef passe, salue. Il y a dans son regard la fierté tranquille de ceux qui donnent sans bruit. Nous quittons la table à regret. Le monde a changé, légèrement. Nous aussi.

Dans la rue, notre enfant s’endort contre mon épaule. Mon amour me regarde, le sourire encore chargé des flaveurs de midi. Nous avons partagé plus qu’un repas. Nous avons vécu un instant de grâce.


L’Établi
22 rue des Remparts d’Ainay, 69002 Lyon
Tél : +33 4 78 37 49 83
www.letabli-restaurant.fr

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