Casa Amor
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Casa Amor à Ramatuelle : un souffle d’éternité au goût d’embruns

Le départ : quand le cœur bat au rythme du sud

C’était un matin d’été, un de ceux qui sentent déjà la mer avant même d’en apercevoir les reflets. Nous avions quitté notre maison tôt, main dans la main, notre petit garçon entre nous, sautillant comme une étoile filante. Direction : Ramatuelle. Ou plutôt, un nom soufflé par une amie, presque en secret : Casa Amor. Il paraissait que là-bas, au bout d’une route ourlée de vignes et de pins parasols, se cachait un havre où l’on mangeait les yeux levés vers l’horizon, et l’âme bercée d’azur.

Le voyage jusqu’à ce petit coin du monde fut une poésie en soi. La route serpentait, les cyprès dansaient doucement sous le vent, et notre fils, du haut de ses cinq ans, posait des questions comme autant de caresses : « C’est quoi, l’amour ? », « Est-ce qu’on peut manger le soleil ? », « Et là-bas, on verra la mer ? »

Nous ne savions pas encore que Casa Amor allait répondre à toutes ces questions. Sans un mot, mais avec des saveurs. Des silences. Des parfums.

L’arrivée : un écrin entre ciel et sable

On ne découvre pas Casa Amor : on y entre comme on ouvre un livre ancien, les pages encore frémissantes de sel. La mer, d’un bleu profond, est là, toute proche. On devine son murmure, même quand le vent se tait. Le lieu respire la simplicité étudiée. Une cabane chic, de bois clair et de linge blanc, de tables dressées comme des autels pour le vivant.

Nous sommes accueillis avec une douceur rare. Pas de grands effets. Juste des sourires. Une attention délicate. Une main posée sur l’épaule. Une chaise glissée pour notre enfant. Une carafe d’eau citronnée qui arrive sans qu’on ait eu besoin de la demander. Le temps, ici, ne se compte plus. Il se goûte.

L’envol : quand le silence devient langage

Le premier plat ne tarde pas. Ou plutôt : la première offrande. Une assiette de légumes grillés, tièdes et confits, comme sortis d’un rêve méditerranéen. Tomates anciennes, poivrons fondants, copeaux de courgette crue, fleurs de capucine. L’huile d’olive qui perle dessus est si fine qu’on dirait de la lumière liquide. À la première bouchée, nous nous regardons. Un long silence. Celui des choses justes.

Notre fils, curieux, cueille une tomate jaune et la croque. Il sourit. Il dit : « C’est sucré comme un bonbon de jardin. »

Et nous comprenons qu’il a trouvé ses mots. Casa Amor est un bonbon de jardin. Un lieu qui parle à l’enfant qu’on garde en soi, même en grandissant.

L’éveil : chaque plat comme un poème

Le plat principal arrive comme un coucher de soleil dans une assiette : un loup entier, grillé à la braise, présenté simplement, accompagné d’un risotto de courgettes et d’un jus aux agrumes. Pas de fioriture. Et pourtant, quelle émotion. La chair est nacrée, fine, vibrante. Le feu a laissé sa marque sans dominer. Le citron confit vient chuchoter à l’oreille de la mer. C’est un chant.

Nous partageons le poisson. À trois. À même l’assiette. Notre fils, fasciné, demande comment il a été pêché. Le serveur lui raconte, avec une patience infinie, la pêche du matin. Le large. Le retour au port. Il l’écoute comme on écoute un conte. Puis il goûte. Puis il ferme les yeux.

Ce n’est plus un repas. C’est une prière.

La lumière : quand le dessert devient souvenir

Un dessert, ici, ce n’est pas une fin. C’est une promesse. Et celle qu’on nous apporte tient du miracle. Une pêche rôtie, encore tiède, déposée sur un lit de crème d’amande. Quelques framboises fraîches. Une touche de verveine.

Notre fils rit. « On dirait un fruit du paradis. » Et il n’a pas tort.

La cuillère glisse, le jus coule, et le goût emplit la bouche d’une clarté enfantine. On se regarde, on se tient la main, on sent que ce moment restera. Longtemps. Comme une carte postale gravée dans le cœur.

L’après : suspendre le monde

Le repas est terminé, mais rien ne nous pousse à partir. Le sable n’est qu’à quelques pas. Notre fils court, pieds nus, son rire se mêle aux cigales. Nous restons encore. Le café arrive, délicat, comme chuchoté. On nous apporte quelques fruits secs, un morceau de nougat tendre. Le monde pourrait bien s’arrêter ici.

Nous parlons peu. Il n’y a plus besoin. Nous sommes pleins. Pleins d’amour. De saveurs. D’instants. Pleins de Casa Amor.

Ramatuelle a ce pouvoir : elle ralentit le cœur, pour mieux l’élargir.

Un lieu, une mémoire, une poésie vivante

Ce déjeuner restera, nous le savons. Pas seulement pour ce qu’on y a mangé. Mais pour ce qu’on y a vécu. Une parenthèse de lumière. Une poésie à trois voix. Un fragment d’éternité posé sur une nappe blanche, entre le ciel et la mer.

Il existe des restaurants où l’on se nourrit. Et d’autres, plus rares, où l’on renaît.

Casa Amor fait partie de ces lieux-là. Un restaurant, oui. Mais surtout : un souffle. Un livre ouvert. Une main tendue.

Et nous, en repartant, nous étions un peu plus vivants qu’en arrivant.


Casa Amor
Chemin de la Matarane
Plage de Pampelonne
83350 Ramatuelle, France

📞 Réservations : +33 4 22 85 01 52
🌐 www.casaamor.fr

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