Cala Saladeta
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Cala Saladeta, une parenthèse d’éternité : l’âme d’une famille en marche

Le matin clair d’un jour d’été

Il est des lieux qui ne se révèlent qu’à ceux qui les méritent, des plages secrètes qui se méritent à pied, au détour d’un sentier brûlé par le soleil. Cala Saladeta est de ceux-là. Ce matin-là, le ciel était vaste, d’un bleu sans fin, et l’air déjà chargé de promesses. Le chant léger des cigales dansait avec le vent. Nous avions décidé de quitter les chemins trop droits pour suivre celui, sinueux, qui mène à la mer.

Notre fille marchait entre nous, main dans la main, ses pas menus sur les pierres dorées. Parfois elle courait, parfois elle s’arrêtait pour observer une fleur, une fourmi, un fragment de coquillage. Chaque chose avait de l’importance. Tout prenait le poids du présent. Et nous ? Nous suivions, portés par sa curiosité, l’âme légère, les épaules libérées du monde.

Le sentier comme prélude au silence

Le chemin vers Cala Saladeta n’est pas balisé de néons ni d’asphalte. C’est une promenade sauvage, une descente douce où chaque pas réveille les sens. L’odeur du pin chaud s’entremêle à celle de la mer invisible mais proche. Le vent soulève des éclats de sable, joue dans les cheveux, rafraîchit les joues.

Notre fille s’arrête devant un figuier. Elle tend la main, curieuse. Une figue s’y dépose, tiède, gorgée de soleil. Elle la goûte. Son visage s’illumine. Et nous, émus, nous la regardons entrer dans un monde où chaque sensation est neuve, pure, entière.

Il n’est pas encore midi, mais déjà, cette journée a la lenteur des souvenirs heureux.

La révélation : quand la mer s’ouvre au cœur

Et soudain, après une ultime courbe, elle apparaît.

Cala Saladeta.

Une crique sauvage, comme oubliée du monde. L’eau y est translucide, ourlée de turquoise et de lumière. Les rochers, blanchis par les embruns, encadrent cette parenthèse comme une œuvre d’art encadrée de silence. Il n’y a ni route, ni bar, ni foule bruyante. Juste la mer, le sable clair, quelques baigneurs, et ce souffle profond qui fait taire les pensées.

Notre fille court vers l’eau. Ses pieds nus soulèvent des éclats de sable. Nous la suivons. Le silence devient musique. L’instant s’étire. Ici, le temps n’a plus d’heure.

Nous étalons notre drap, posons nos sacs. Pas besoin de grand-chose. Juste être là. Ensemble. Vraiment.

La mer comme miroir de l’amour

L’eau est fraîche au premier contact, puis devient caresse. Notre fille pousse un cri de surprise, puis éclate de rire. Nous entrons lentement. Ensemble. Et l’on se regarde. Nos regards disent tout ce que les mots n’arrivent plus à exprimer.

L’amour n’a pas besoin de discours. Il est là, dans une main tenue sous l’eau, dans un éclat de rire partagé, dans cette façon de se regarder en silence, en voyant dans l’autre ce qu’on a de plus précieux : un enfant heureux.

Elle nage entre nous, portée par nos bras, par nos rires. Parfois, elle s’arrête, regarde les poissons, émerveillée. Parfois elle nous serre fort, comme pour s’ancrer. Et nous, nous la regardons, suspendus à ce bonheur simple.

Le pique-nique, comme une cérémonie du cœur

Sous le pin penché, à l’ombre douce, nous ouvrons notre sac. Rien de compliqué : du pain encore tiède, des tomates gorgées de soleil, un fromage doux, quelques fruits. Mais ici, tout prend un goût nouveau. Celui du sel sur les doigts, du sable sur les lèvres, de la vie à l’état brut.

Notre fille croque dans une pêche. Le jus coule sur son menton. Elle rit. Et nous aussi. C’est un festin. Un festin d’âmes. Un repas sans nappe blanche, sans argenterie, mais avec une nappe d’ombres mouvantes, une vaisselle de lumière, et des couverts faits de rires.

À cet instant, nous n’avons besoin de rien d’autre. Le monde peut bien tourner. Nous, nous sommes là, ancrés, réunis.

La sieste, comme un poème chuchoté

Après la mer, après le pain, vient la torpeur douce. Notre fille s’endort, lovée contre sa mère. Sa respiration est un souffle de paix. Je les regarde, leurs deux visages apaisés, et je me dis que tout tient là. Dans cette image. Dans cette immobilité pleine.

Je ferme les yeux à mon tour. Le vent chante dans les pins. L’eau clapote doucement. Une aile d’oiseau raye le ciel. Le monde est vaste, et pourtant il tient dans ce silence.

Il y a des siestes qui réparent. D’autres qui révèlent. Celle-ci, à Cala Saladeta, était une prière silencieuse. Un merci au monde. Un merci à la vie.

Le retour : quitter sans partir

En fin d’après-midi, la lumière change. Elle devient plus douce, plus dorée. Le moment de partir approche. Notre fille se réveille, les joues rosies, encore un peu dans son rêve. Nous replions doucement nos affaires, la mer toujours là, comme un adieu discret.

Le chemin du retour est le même… et pourtant tout a changé. Nous marchons sans parler. Les pierres semblent plus légères. Le vent plus tendre. Notre fille chante à voix basse une chanson inventée. Elle parle de poissons, de sel, d’un trésor trouvé sous l’eau. Elle ne le sait pas encore, mais elle vient de vivre un de ces souvenirs fondateurs. Un de ceux qui façonnent les âmes, les rêves, les futurs poèmes.

Cala Saladeta : une leçon d’essentiel

Ce lieu n’est pas qu’une plage. C’est une respiration. Un espace hors du temps. Une île intérieure. Cala Saladeta nous a rappelé ce que nous savions déjà, mais que la vie quotidienne efface : que le bonheur tient à peu. À une marche, une eau claire, une main dans la sienne, un rire d’enfant, un fruit partagé, un silence habité.

Nous sommes repartis plus légers, plus pleins. Portant en nous un peu de cette lumière, de ce sable, de cette vérité simple : aimer, c’est être là. Pleinement. Entièrement.

Et si vous passez un jour par Ibiza, osez quitter les routes. Marchez. Laissez-vous porter. Et trouvez, au bout du chemin, votre propre Cala Saladeta.


Adresse
📍 Cala Saladeta, 07820 Sant Antoni de Portmany, Ibiza, Espagne
(Accessible à pied depuis Cala Salada)

Site officiel
🌐 https://www.ibiza-spotlight.com/beach/cala_salada_i.htm

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