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Atlantis (Sa Pedrera) : Un poème à ciel ouvert, en famille, sur les sentiers du mystère

Le départ : une marche au bord du silence

Il est des lieux qu’on ne trouve pas. Ils vous trouvent. Ce matin-là, nous partions sans chercher vraiment. Un peu par curiosité, un peu par instinct, beaucoup par besoin de respirer. Loin du tumulte d’Ibiza, de ses musiques éclatantes et de ses plages apprêtées, une rumeur ancienne nous guidait : celle d’un site caché, appelé Atlantis. Un nom mythique, pour un endroit réel, mais presque irréel.

Le chemin commence près de la tour de guet de Sa Pedrera. On y accède uniquement à pied. Pas de voitures. Pas de routes. Seulement la terre rouge, les pierres chaudes sous les semelles, et le parfum intense du romarin sec au soleil. Le ciel est bleu sans nuance. Et déjà, l’île semble retenir son souffle.

Nous marchions à trois. Deux amoureux et une enfant de presque quatre ans, la main nichée entre les nôtres. Pas de paroles inutiles. Juste le vent, les cigales, et nos pas. Le sentier descend lentement, puis brutalement, comme s’il voulait tester notre désir d’aller plus loin. Mais nous étions prêts. À nous perdre. À nous laisser surprendre. À toucher quelque chose de plus grand.

L’arrivée : la révélation d’un monde englouti

Et puis soudain… Atlantis.

Un théâtre de pierres à ciel ouvert. Sculpté à même la falaise, comme un caprice d’artistes anciens ou un secret d’initiés. Les parois ont été creusées par les hommes, autrefois, pour bâtir les murailles de Dalt Vila. Mais aujourd’hui, la nature y a repris ses droits. Mieux : elle en a fait une œuvre.

Des bassins d’eau turquoise reposent dans des creux parfaits, mi-naturels, mi-taillés à la main. Des sculptures énigmatiques ornent les roches, traces d’amoureux du mystique passés par là. Des Bouddhas gravés, des spirales, des visages, des signes que nul ne revendique. Atlantis n’appartient à personne. Et c’est ce qui la rend précieuse.

Notre fille s’est figée. Les yeux écarquillés, la bouche entrouverte, elle regardait tout, en silence. Ce lieu, qui pouvait sembler trop grand pour une enfant, l’accueillait, doucement. Elle ne demandait rien. Elle observait. Et elle comprenait.

Le cœur : un bain d’éléments et d’émotions

Nous avons ôté nos chaussures. Marché pieds nus sur les dalles brûlantes. Chaque pierre avait sa texture. Certaines lisses comme du marbre, d’autres rugueuses, griffées par le temps. L’eau des bassins, tiède et salée, reflétait le ciel. Nous nous y sommes glissés lentement, comme dans un sanctuaire. Le silence n’était plus silence. Il était chant. Celui des gouttes sur les pierres, du vent entre les falaises, des battements de cœur en nous.

Nous avons ri. Beaucoup. Un rire de liberté. Un rire lavé de tout. Notre fille s’est trempée jusqu’aux genoux, les mains pleines d’algues, les yeux brillants de découvertes. Elle caressait la surface, fascinée. Chaque bassin était une énigme. Une histoire qu’on inventait ensemble.

Et puis, ce moment suspendu. Allongés sur la roche chaude, le dos contre l’univers, le regard dans les nuages. Elle entre nous deux, posée, sereine. Nous étions trois, mais nous formions un seul corps. Un seul souffle. Un instant pur.

Le mystère : lire dans la pierre

Atlantis ne se lit pas comme un guide. Elle se déchiffre, comme un poème ancien. On y voit ce que l’on porte en soi.

Certaines pierres parlent d’amour. D’autres de solitude. Certaines bassins semblent avoir été creusés pour des offrandes. D’autres pour y rêver. Partout, des traces d’humanité. Des fleurs séchées déposées dans une anfractuosité. Un coquillage suspendu à une cordelette. Un message gravé : « Todo es uno ».

Nous avons pris le temps. Celui de lire les murs. Celui de s’interroger sans chercher de réponse. Celui de contempler. D’être là, simplement.

Notre fille a ramassé une pierre blanche, en forme de cœur. Elle l’a gardée longtemps dans sa main, comme un secret. Elle ne l’a pas emportée. Avant de repartir, elle l’a reposée là où elle l’avait trouvée. Comme si elle savait déjà que ce lieu ne voulait rien qu’on ne lui redonne.

Le retour : l’écho intérieur

Remonter d’Atlantis, c’est laisser une part de soi derrière. Le sentier semble plus rude. Le soleil cogne plus fort. Mais en nous, quelque chose a changé. Le monde est toujours là, bien sûr. Mais notre regard, lui, a pris une couleur nouvelle.

Nous avons marché en silence. Mais ce n’était plus le même silence qu’à l’aller. C’était un silence habité. Un silence plein de chants intérieurs. D’images. De gratitude.

Notre fille a dormi dans nos bras, bercée par la chaleur, le sel sur sa peau, les souvenirs encore frais. Nous étions encore là-bas, tout en revenant. Ce moment ne nous quitterait plus.

Atlantis : une ode à la lenteur, à l’amour, à la vie

Ce lieu n’est pas un site touristique. Ce n’est pas une destination. C’est une expérience. Un rite. Une offrande.

Aller à Atlantis, c’est se laisser transformer. C’est accepter de ne pas tout comprendre. De ne pas tout expliquer. C’est, en famille, redécouvrir la magie. Celle du monde. Celle de l’instant. Celle de l’autre.

Nous ne savons pas si notre fille s’en souviendra, dans vingt ans. Mais ce que nous savons, c’est que ce jour-là, nous avons vécu un poème. Un vrai. Celui qui se lit avec les pieds, avec la peau, avec les yeux ouverts et le cœur grand.

Ce lieu, nous ne l’oublierons jamais.


Atlantis (Sa Pedrera)
Accès à pied uniquement depuis la tour de guet de Sa Pedrera, Ibiza
Prévoir de bonnes chaussures, de l’eau, et du temps.
Laissez votre téléphone. Prenez vos sens.

📍 Atlantis, Cala d’Hort, 07830 Sant Josep de sa Talaia, Ibiza, Baléares, Espagne
🌐 www.ibizaspirit.net/sa-pedrera-atlantis

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