Salama
DESTINATIONS FRANCE GASTRONOMIE SAINT-TROPEZ

À l’heure dorée, au Salama Saint-Tropez : une parenthèse d’amour, de saveurs et de lumière

Une arrivée comme un prélude d’Orient

Il est des lieux où l’on entre comme on pénètre dans un rêve. Le Salama, niché au cœur de Saint-Tropez, en est un. Une porte en bois ajourée, comme échappée d’un riad marocain, s’ouvre sur un monde feutré, baigné d’ombres tamisées, de murmures discrets, de senteurs de cannelle et de rose. Ce jour-là, nous étions trois : un couple, enlacés par les années et les rires partagés, et un enfant, notre enfant, la lumière nouvelle qui redessine nos quotidiens.

Nous avions quitté les plages effervescentes, le cliquetis incessant des verres de rosé, les éclats de conversations estivales pour venir ici, main dans la main, cœur à cœur. Dès les premières marches, le monde ralentit. Le tumulte reste dehors, suspendu aux palmiers.

Le Salama, c’est une halte, une respiration. Un endroit où l’amour trouve sa table, et l’âme, un écrin.

Le décor : entre désert et jardins suspendus

À l’intérieur, le lieu évoque ces palais secrets que l’on devine derrière les portes closes de Marrakech. Les zelliges dessinent des motifs presque hypnotiques, les lanternes en cuivre suspendent le temps. Un lustre en perles de verre diffuse une lumière d’ambre. Le plafond en bois sculpté semble porter une prière ancienne. Autour de nous, des coussins de velours, des tapis tissés, des plantes luxuriantes… On s’attend à voir surgir un joueur de oud ou une conteuse aux mille histoires.

Notre fille court légèrement devant nous, portée par cette atmosphère douce. Elle touche, elle sent, elle s’émerveille. Elle dit “c’est beau ici”, et déjà, tout est dit.

La table est dressée dans un patio intérieur, sous un citronnier. Le murmure d’une fontaine accompagne notre installation. Un serveur, tout sourire et en élégance feutrée, s’agenouille presque à hauteur d’enfant. Il lui parle doucement. Elle sourit. Elle est considérée, là, dans ce grand monde de grands plats.

Le début : quand les papilles s’éveillent comme les souvenirs

Le pain arrive, chaud, moelleux, parsemé de graines de nigelle. Il s’accompagne d’un mélange d’huile d’argan et de sel de l’Atlas. Une bouchée, et déjà, le voyage commence. Pas un voyage lointain, non. Plutôt un retour. Vers quelque chose de tendre. De familier. L’amour, sans doute.

Un thé à la menthe nous est servi comme un accueil. Il fume encore, embaume les feuilles fraîches. Il réchauffe les mains, il ouvre le cœur. À ce moment précis, les regards se croisent. Nous sommes là. Ensemble. Et tout semble possible.

Notre fille trempe une lèvre curieuse dans la tasse décorée. Elle grimace, rit, puis redemande. La magie opère.

L’entrée : l’éclat des premières notes

La pastilla arrive. Dorée, croustillante, poudrée de sucre glace et de cannelle. Elle renferme des éclats de volaille confite, des amandes, des épices douces. C’est un contraste parfait entre le sucre et le sel, la tendresse et le croquant. Une danse, presque.

À côté, une salade de carottes au cumin, de betteraves au gingembre, et d’aubergines confites. Des couleurs comme des tissus marocains, des saveurs franches et délicates. Nous goûtons, nous nous passons les fourchettes, les regards se remplissent.

Notre fille prend un morceau de pastilla. Elle croque, les yeux étonnés, puis chuchote “c’est comme un bonbon salé”. Oui. C’est exactement cela.

Le plat : l’envoûtement, la profondeur, la chaleur

Nous choisissons un tajine de veau aux pruneaux et amandes, et un couscous végétarien parfumé à la fleur d’oranger. Le plat arrive sur un large plateau, recouvert d’un dôme en cuivre martelé. Le serveur soulève la cloche lentement. Un nuage d’arômes monte. Il enveloppe tout. Il suspend même la conversation.

La viande est tendre, fondante, la sauce sirupeuse et dense, les pruneaux comme des petits trésors. Le couscous, lui, est léger, aérien, constellé de légumes cuits à la perfection : carottes, courgettes, pois chiches. Chaque grain semble porteur d’un secret.

Nous mangeons lentement. Très lentement. Comme pour ne pas rompre le charme. Il n’y a plus d’heure. Plus de monde autour. Juste cette table. Juste nous trois.

Notre fille picore. Elle veut goûter tout. Elle dit que “les raisins font des câlins à la bouche”. On rit. Et on acquiesce. Ce repas, c’est un conte.

La pause : un thé, une caresse

Un nouveau thé arrive. Cette fois, au jasmin et à la rose. Plus doux, plus floral. Il appelle à la méditation. Nous le buvons en silence, main dans la main sous la table, pendant que notre fille colorie les motifs du set de table qu’on lui a offert. L’enfance est là, vivante, joyeuse, et parfaitement à sa place dans cet écrin de délicatesse.

Le serveur revient. Il nous regarde, sans hâte. Il propose un dessert. Nous acceptons, bien sûr.

Le dessert : une fin qui éclaire le reste

Une corne de gazelle tiède. Un sorbet au citron noir. Une glace au safran. Et un makroud tout juste caramélisé. Le tout servi sur une assiette en céramique émaillée. Le sucré ici n’est jamais écrasant. Il est subtil, tendre, comme un baiser d’au revoir.

Notre fille mord dans la corne de gazelle. Elle ferme les yeux. Elle dit que “ça fait penser à un conte avec des princesses”. Elle a raison. C’est cela, le Salama. Une histoire. Une poésie comestible.

Nous finissons ce repas comme on referme un livre. Avec gratitude. Avec tendresse. Avec une promesse silencieuse de revenir.

Après le repas : le monde, autrement

Nous ressortons main dans la main. La lumière de fin d’après-midi caresse les pierres blanches. Saint-Tropez bruisse doucement derrière nous, mais en nous, tout est apaisé. Le Salama ne nous a pas seulement nourris. Il nous a réunis. Il nous a murmurés quelque chose de rare, de beau, de lent.

Notre fille trottine devant nous, chantonnant un air inventé. Nous, nous nous regardons, un peu changés. Plus légers. Plus pleins.

C’est cela, la magie d’un vrai repas d’amour.


Restaurant Salama
📍 1 Chemin des Conquettes, 83990 Saint-Tropez
📞 +33 4 94 97 19 76
🌐 www.salamasttropez.com

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