Une arrivée comme un murmure, au cœur d’Ibiza
Certains lieux ne se découvrent pas, ils se ressentent. Ils vous accueillent non pas avec des mots, mais avec une atmosphère. À flanc de colline, là où la ville d’Ibiza laisse place au silence des terres et au souffle du vent, Casa Maca surgit comme un secret bien gardé. Une finca blanche aux pierres immaculées, posée là depuis des siècles, regardant la mer et les remparts dorés de Dalt Vila.
Nous y sommes venus à trois, un dimanche midi de juin. Un couple et leur petite fille de deux ans, en quête d’un moment doux. D’une respiration. D’un instant qui ne se programme pas, mais qui se vit. À peine garés, le temps semble basculer. L’air est chaud, mais une brise danse entre les oliviers. L’enfant tend la main vers une fleur. Nous sourions.
Le premier souffle : quand le lieu devient un poème
Casa Maca, c’est d’abord un paysage. Une longue terrasse de bois blond, des tables espacées, une vue dégagée sur l’île fortifiée, baignée de lumière. Des herbes aromatiques bordent les allées. Le parfum du thym s’entremêle à celui des braises lointaines. On nous installe sous un grand parasol, à l’ombre d’un figuier centenaire. Notre fille grimpe sur sa chaise haute avec excitation — une chaise élégante, pas un accessoire de plastique : ici, même les enfants sont accueillis avec style.
Tout est calme. Tout est juste. Pas de musique trop forte. Juste le chant des cigales, et le son lointain d’un verre qu’on pose avec soin. Le regard se perd dans la ligne d’horizon. Nous nous regardons. Et nous respirons.
La mise en bouche : une promesse d’équilibre
Les premières assiettes arrivent comme des éclats de soleil. Une tapenade d’olives noires, un pain maison encore chaud, une huile d’Ibiza aux reflets dorés. Rien de compliqué. Mais tout est bon. Le pain craque sous la main de notre fille, qui goûte avec sérieux, concentrée comme dans un jeu sacré.
Un amuse-bouche suit, délicat : un gaspacho de tomates jaunes, infusé au basilic et servi glacé, avec une pointe de burrata crémeuse. Un contraste de textures et de températures, comme un baiser frais sur une joue d’été. Nous échangeons des regards complices. Ce repas sera une histoire.
L’entrée : un jardin dans l’assiette
Puis vient l’entrée. Un carpaccio de betteraves anciennes, rehaussé d’une mousse de chèvre aux herbes, et décoré de fleurs comestibles. C’est un tableau vivant. Notre fille le désigne du doigt, fascinée. Elle goûte un pétale de capucine, plisse les yeux, puis sourit. Un goût nouveau, un monde qui s’ouvre.
Nous savourons lentement. La betterave est douce et terreuse, la mousse légère et fraîche. Une symphonie de nuances, de gestes précis. Et tout autour, le silence respectueux des lieux heureux.
Le plat principal : une déclaration d’amour à la terre
Nous avons choisi le plat signature : l’agneau d’Ibiza, lentement confit, servi sur un lit de purée de patate douce, avec une réduction de jus au romarin. Il arrive dans une assiette en céramique brute, comme un fragment de cette île.
La viande fond sous la fourchette. La purée caresse le palais. Il y a dans ce plat quelque chose de profond, d’instinctif. Une chaleur, une vérité. C’est un plat qui parle d’ici, de la Méditerranée, du vent salé et du soleil généreux. Nous partageons une bouchée avec notre fille. Elle goûte, approuve. Elle tend la main pour une seconde. Puis une troisième. Elle, si souvent hésitante à table, est ici curieuse et conquise.
Un granité comme une pause musicale
Entre deux plats, le chef propose un granité de citron vert, menthe et fleur d’oranger. Une gorgée fraîche qui réveille les sens. C’est une ponctuation poétique. Un instant de légèreté dans la densité du repas. Nous nous regardons, étonnés de tant d’équilibre.
Notre fille rit — le froid la surprend. Elle en redemande, les joues rosies par le soleil, les yeux brillants. Ce moment à trois devient un souvenir. Déjà. Un instant suspendu, que le temps ne pourra effacer.
Le dessert : une caresse en final
Il arrive, discret mais somptueux : un dôme de chocolat blanc, renfermant un cœur de fruits rouges, posé sur un biscuit moelleux à l’amande. À la première cuillère, le dôme s’ouvre. Un petit cri de joie s’échappe de notre fille. C’est magique.
Nous partageons. Le chocolat fond, les fruits explosent en bouche. Le dessert est une étreinte. Il parle d’enfance, de douceur, de lumière. Il termine ce repas comme un point final tracé avec élégance.
L’après-repas : le vrai luxe du temps
Le café est servi sur une terrasse secondaire, à quelques pas, dans un coin plus ombragé. Nous nous y installons, le corps léger, l’esprit plein. Il est près de 15h. Le monde continue de tourner, mais ici, il a ralenti.
Notre fille joue dans les graviers, ramasse une petite pierre qu’elle nous offre, comme un trésor. Nous sommes bien. Ensemble. Sans filtre. Sans écran. Sans contrainte.
Le service, toujours discret, nous salue avec douceur. Nous repartons à pas lents, le cœur ouvert. Ce déjeuner n’était pas un simple repas. C’était une rencontre. Avec un lieu. Avec une cuisine. Avec nous-mêmes.
Une ode à la lenteur, à la beauté, à l’amour
Casa Maca n’est pas un restaurant comme les autres. C’est une halte poétique. Un refuge. Un espace de silence et de goût. Ici, les enfants sont accueillis, les amoureux se retrouvent, et les souvenirs naissent au creux d’une cuillère ou d’un éclat de rire.
Ce que nous avons vécu ce jour-là ? C’est une histoire d’amour. À trois. Entre les pierres chaudes de la finca, les parfums de la terre et les saveurs d’une cuisine maîtrisée. Un de ces moments qu’on relit comme un livre précieux. Encore et encore.
📍 Casa Maca – Restaurante y Hotel
Can Palau De Dalt, s/n, 07800 Ibiza, Baléares, Espagne
🌐 www.casamaca.com