Une parenthèse enchantée au Cannet-des-Maures
Il y a des lieux qui ne se visitent pas. Ils se vivent, ils s’éprouvent. Le Château Saint-Roux, niché au creux des collines provençales du Cannet-des-Maures, ne se dévoilait qu’aux âmes prêtes à ralentir. À ressentir. À aimer.
Ce matin-là, la route serpentait entre vignes et forêts, et notre voiture glissait dans un tableau impressionniste. À l’arrière, notre enfant chantonnait doucement. Et nous, les mains jointes, regardions défiler les pins parasols et les champs d’oliviers. Le tumulte s’éloignait déjà. L’instant devenait promesse. Le Château approchait.
Le premier regard : quand la nature épouse l’élégance
L’allée bordée de lavandes ondoyait sous le vent, et déjà, nous étions ailleurs. Face à nous, la silhouette majestueuse du Château Saint-Roux se dessinait : pierres blondes, volets vert amande, toits de tuiles anciennes… Tout évoquait une Provence éternelle, subtilement réinventée.
L’élégance écoresponsable du lieu se ressentait dans chaque détail : un banc en bois brut niché sous un figuier, une jardinière débordant d’aromatiques, un chat alangui sur les marches. Rien n’était figé. Tout respirait la vie.
Nous fûmes accueillis avec douceur. Pas de clinquant. Juste un sourire, une voix basse, une main qui montrait sans brusquer. Notre chambre ? Un cocon de lumière : draps froissés comme un matin d’été, murs aux teintes douces, meubles patinés. Et, à la fenêtre, les vignes s’étendaient jusqu’à l’horizon.
Les premiers pas : une ferme, un monde, un éveil
À peine les valises posées, notre fille s’était précipitée dehors. Ses petites jambes dansaient sur le gravier. Son regard s’agrandissait. Ici, au Château Saint-Roux, les enfants n’étaient pas des figurants : ils étaient invités à explorer.
La ferme biologique s’ouvrait comme un tableau vivant : chèvres blanches aux clochettes tintinnabulantes, ânes curieux, poules fières, potagers en carrés parfaits butinés par les abeilles.
Notre enfant tendait la main vers les tomates cerises, humait une branche de thym, riait devant une brebis qui s’approchait. C’était un apprentissage sans leçon, un émerveillement pur. Et nous, main dans la main, marchions à ses côtés, redécouvrant la terre avec des yeux neufs.
L’âme du lieu : entre vignes, pierre et silence
L’après-midi, nous avons longé les rangées de vignes, guidés par un vigneron passionné. Ses mots étaient simples, justes, presque poétiques. Il nous parlait du soleil, du mistral, de la patience, de ce temps qu’il fallait donner à la nature pour qu’elle offre quelque chose de vrai.
Le vignoble en biodynamie, vibrant sous la lumière dorée du Var, semblait lui aussi nous parler. Les grappes jouaient avec le vent. Le sol, travaillé avec respect, exhalait une odeur chaude, minérale, enveloppante.
Notre fille, fatiguée, s’était endormie sur mes épaules. Dans ce silence, tandis que le soleil glissait vers l’horizon, j’ai senti un bonheur rare. Dense. Absolu.
Un dîner comme un conte
À la tombée du jour, les lanternes s’allumaient. Le restaurant, installé dans une ancienne bergerie rénovée, nous accueillait dans une ambiance feutrée où bois et pierre se mêlaient. Ici encore, l’essentiel l’emportait sur l’apparat.
La carte était une ode à la terre nourricière : légumes cueillis le matin même, fromages affinés sur place, pains au levain dorés au feu de bois. Une cuisine sincère et lumineuse, orchestrée par un chef inspiré.
En entrée, des betteraves rôties au fromage frais de la ferme, huile infusée à la sarriette. Puis, un risotto de petit épeautre aux champignons sauvages, nappé d’un jus de légumes fumé. En dessert, un sorbet de figue maison posé sur un sablé au romarin.
Chaque bouchée nous rapprochait. Notre fille, installée sur un coussin moelleux, goûtait avec les doigts, riait, s’étonnait. Elle mangeait comme on découvre le monde.
Le soir tombé : étoiles et confidences
De retour dans notre chambre, nous avons ouvert les volets. Et là, le ciel : dense, profond, constellé. Une nuit sans pollution, sans bruit, sans masque.
Nous avons allongé notre fille, doucement. Puis, sur la terrasse, un verre de vin à la main, nous avons parlé. De nous. De ce que nous voulions transmettre. De la beauté de vivre lentement, de choisir ce qui compte vraiment.
Il n’y avait plus de montre, plus de téléphone. Juste le souffle du vent dans les cyprès, le chant des grillons, et cette impression que le temps, ici, savait s’arrêter.
Le matin : renaissance et lumière
Le lendemain, la lumière baignait la chambre comme une promesse neuve. Les volets entrouverts laissaient passer l’odeur du pain chaud. Un petit-déjeuner fermier nous attendait : confitures maison, yaourts de brebis, œufs fraîchement pondus, fruits cueillis à l’aube.
Autour de nous, familles, couples, voyageurs solitaires… Tous unis dans ce même silence apaisé, ce respect du lieu.
Notre enfant courait déjà vers la basse-cour, une tartine à la main. Et nous, dans cet instant suspendu, avons su que le Château Saint-Roux n’était pas une simple halte : c’était une empreinte. Une parenthèse gravée au cœur.
Une ode à la lenteur, à la terre, à l’amour
Le Château Saint-Roux n’était pas qu’un écolodge. C’était un refuge pour les âmes curieuses, un laboratoire de beauté, un hymne discret à l’harmonie.
Un lieu où l’on se regarde mieux. Où les enfants apprennent sans qu’on leur enseigne. Où le goût devient mémoire. Où la pierre, la vigne, l’assiette, la caresse du vent formaient un tout.
Nous avons quitté les lieux comme on referme un livre précieux. Avec lenteur. Avec gratitude. Notre fille s’est retournée une dernière fois vers les chèvres. Moi, j’ai serré fort sa main. Et toi, tu as dit doucement :
— On reviendra.
Oui. On reviendra. Parce que certains lieux vous rappellent à eux. Parce qu’ils deviennent, un peu, votre maison.
📍 Château Saint-Roux
Route de La Garde-Freinet, 83340 Le Cannet-des-Maures (Var)
🌿 Écolodge 5★ – Ferme bio – Vignoble – Restaurant gastronomique
🌐 www.chateausaintroux.com