Là où la mer enlace le ciel : le début d’un conte
C’est une journée lumineuse de juin, de celles qui s’ouvrent comme une promesse. Le ciel est pur, le vent tiède, et notre petite famille s’éveille doucement, bercée par le ressac discret de la Méditerranée. Nous sommes à Santa Eulalia, sur l’île dorée d’Ibiza. Et ce matin-là, quelque chose nous pousse à descendre vers la mer, à suivre la lumière jusqu’à une adresse murmurée par les voyageurs sensibles : Chiringuito Blue.
Un restaurant, dit-on, mais bien plus encore. Un souffle. Une atmosphère. Un poème qui se déclame avec les doigts dans le sable, les pieds nus, le cœur ouvert. Un lieu où la table devient refuge, où l’enfance se mêle aux saveurs, et où l’amour circule comme l’air tiède entre les pins.
Arriver là, c’est déjà partir un peu
Nous marchons lentement sur la promenade de Santa Eulalia, notre fille entre nous deux, sa main minuscule nichée dans la nôtre. Elle observe tout. Chaque oiseau. Chaque coquillage. Chaque éclat de soleil qui joue sur l’eau.
Et soudain, il est là.
Blotti face à la mer, Chiringuito Blue déploie ses voilures de bois blond, ses nappes ivoire, ses coussins couleur d’écume. Rien n’est figé, tout respire. Les tables s’éparpillent entre les palmiers, les rires d’enfants se mêlent au son doux d’une playlist méditerranéenne, et l’accueil est un sourire vrai, presque tendre.
On nous installe, à l’ombre d’une tonnelle. Le regard s’étire déjà vers l’horizon. Et sous ce ciel immense, nous nous sentons… disponibles. Disponibles à l’instant. À nous. À ce moment-là.
Une table pour trois, un monde entier
Notre fille est accueillie comme une reine miniature. Une chaise haute confortable, un set de table illustré, des crayons de couleur, et surtout : l’attention. Celle qui ne parle pas aux enfants avec condescendance, mais avec respect. Un serveur s’accroupit à sa hauteur. Il lui parle doucement. Elle sourit. Le lien est là.
Les premiers instants passent comme un frisson doux. Le menu arrive, et déjà, les descriptions font saliver : produits locaux, inspirations moyen-orientales, poissons frais, légumes du jour, pain au feu de bois. Ici, tout a le goût du vrai.
Une entrée comme une caresse : l’instant suspendu
Nous commençons par partager des mezzés. Une aubergine brûlée au tahini, un labneh soyeux, des pickles vifs, et du pain chaud, moelleux, généreux. Chaque bouchée est une histoire. On se regarde, on se sourit. On parle peu, car tout est dit dans les silences.
Notre fille, concentrée, goûte du bout des lèvres. Elle fronce le nez, puis rit. Le labneh lui plaît. Elle y replonge sa petite cuillère, avec ce sérieux qu’ont les enfants face aux plaisirs véritables.
Et ce premier moment, si simple, devient une mémoire. Nous savons déjà que nous reviendrons souvent à cette minute-là, plus tard, quand tout sera plus loin.
L’éveil des saveurs, le cœur qui s’ouvre
Les plats principaux arrivent comme des offrandes marines. Un poisson grillé entier, simplement assaisonné, dont la peau croustillante cache une chair tendre et iodée. À côté, une salade de tomates anciennes, éclatantes, gorgées de soleil, parsemées de fromage de chèvre et d’herbes fraîches.
Et puis, pour notre petite exploratrice : un plat de pâtes maison, sauce tomate douce, basilic frais. Elle en mange trois, quatre bouchées, le front plissé, concentrée sur chaque nouvelle texture.
Le soleil joue avec l’ombre. Le sable est proche. La mer, elle, n’a jamais été aussi belle. Manger ici, c’est ne jamais quitter la plage. C’est écouter le clapotis, même entre deux bouchées. C’est rester dans ce flottement heureux entre deux mondes : celui de l’enfance et celui de l’adulte. Celui du rêve et celui du goût.
Le dessert : là où tout se lie
Quand le dessert arrive, le silence revient.
Un sablé léger, garni d’un labneh vanillé et de figues fraîches. Une glace au lait d’amande, douce et lactée, posée comme une promesse. Et une mousse aérienne aux agrumes, dont l’acidité réveille doucement le palais.
Notre fille pousse un petit cri de joie en découvrant le sablé. Elle le touche du doigt, en prélève un morceau, le goûte, lève les yeux vers nous. Ce regard, cet éclat… c’est le vrai dessert. La quintessence du moment.
Nous rions tous les trois, complices. Nous ne parlons plus d’heure, de téléphone, de planning. Le monde est ici, et il est suffisant.
Après le repas : rester, encore un peu
Le service est attentionné, sans être pesant. On nous laisse le temps. Celui de respirer, de digérer les émotions. Notre fille part jouer dans le sable, à deux pas. Le personnel veille, discrètement. Elle n’est jamais hors de vue.
Nous restons là, les doigts entrelacés. À regarder la mer. À écouter. À ressentir.
C’est une sensation rare : celle d’être exactement à sa place. En équilibre. Aimés, unis, nourris.
Une ode à l’instant présent
Chiringuito Blue n’est pas un restaurant comme les autres. C’est une parenthèse. Une poésie ensoleillée. Une invitation à ralentir, à savourer, à aimer plus fort.
C’est un lieu qui comprend que manger n’est pas qu’un acte biologique. C’est un geste d’amour, un lien tissé, une mémoire en construction. Pour nous, pour notre fille, ce déjeuner fut plus qu’un repas. Ce fut un chapitre. Une page écrite ensemble, à l’encre salée.
On quitte le lieu à regret, les joues rosies, les yeux encore brillants. Les serveurs nous saluent avec chaleur. Une main sur l’épaule. Un dernier sourire. Et derrière nous, la mer continue de chanter.
Chiringuito Blue – Beach Club à Santa Eulalia
📍 Passeig Marítim, s/n, 07840 Santa Eulalia del Río, Ibiza, Espagne
🌐 https://www.chiringuitoblueibiza.com
Un lieu pour les familles. Pour les amoureux. Pour ceux qui savent que les plus beaux souvenirs naissent souvent autour d’une table, les pieds dans le sable.
