Une promenade de mots et de tendresse, à trois
Il y a des adresses qui ne se contentent pas de nourrir. Elles éveillent. Elles racontent. Elles murmurent des histoires, feuillettent les souvenirs, effleurent les émotions. Ombellule est de celles-là. Ce lieu discret du 6ᵉ arrondissement de Lyon n’est pas un simple café-restaurant, c’est un écrin. Un cocon feutré pour les amoureux de la lecture, des beaux moments et du partage en famille.
Ce matin-là, les pas de deux amoureux résonnent doucement sur les pavés du Cours Franklin Roosevelt. À leur main, un petit être, leur fille, les yeux grands ouverts sur le monde. Le ciel est clair, la ville encore calme. C’est un samedi d’attente, de douceur, de promesse. Ils ne viennent pas pour manger seulement. Ils viennent pour s’offrir une parenthèse. Un instant suspendu. Et c’est à Ombellule que le fil de leur poésie commune les mène.
La découverte : franchir un seuil comme on entre dans un conte
La devanture est sobre, presque timide. Des fleurs séchées dansent derrière les vitres. Des livres, posés en équilibre, attendent d’être choisis. En poussant la porte, c’est comme si le monde ralentissait. L’agitation urbaine reste dehors. À l’intérieur, tout n’est que murmures. Bois blond, lumières douces, étagères garnies de romans, d’albums jeunesse, de trésors imprimés. Les odeurs de café, de cannelle, de pain chaud enveloppent les visiteurs.
Le couple se regarde, silencieusement. Ils savent. Ils sont au bon endroit.
Une serveuse vient à leur rencontre, sourire franc, voix calme. Elle installe la petite, lui tend un livre cartonné, un coussin moelleux. L’enfant s’installe aussitôt dans ce royaume fait à sa mesure. Il y a des livres partout. Sur les murs. Sur les tables. Dans les mains des autres clients. Ici, on lit. On rêve. On mange. Et on respire.
L’instant suspendu : quand les pages accompagnent les plats
Le menu est un poème à lui seul. Pas de carte figée. Tout change au fil des saisons, des cueillettes, des inspirations. Ce midi, la lecture commence par une entrée légère comme un premier chapitre : velouté de patate douce au lait de coco, parsemé de noisettes grillées et d’un filet de citron vert. La cuillère glisse doucement sur la langue, et les yeux se ferment.
À côté, leur fille sirote à petites gorgées sa soupe servie tiède. Elle aussi est considérée. Elle aussi est invitée au voyage. Sur sa table, un imagier d’animaux, une petite cuillère à la main, elle regarde ses parents, curieuse, complice.
Le père feuillette un recueil de poésie pendant que la mère plonge dans un roman jeunesse ouvert à la page d’un secret. Ils ne parlent pas. Ils vivent un moment en clair-obscur, à la frontière du réel et du conte.
Les plats comme des chapitres sensoriels
Le plat principal arrive comme une révélation : risotto crémeux au potimarron, éclats de châtaigne, copeaux de parmesan vieilli. Chaque bouchée est une phrase savoureuse. Le croquant répond au fondant, le sel au sucré naturel du légume. Le père lève les yeux, un sourire silencieux aux lèvres. Sa compagne hoche la tête. Tout est juste. L’équilibre est là.
Leur fille picore les grains moelleux du riz, curieuse de tout. Elle goûte à la châtaigne, esquisse une moue, puis en redemande. C’est sa première rencontre avec ce goût d’automne. À Ombellule, on grandit à la lumière des livres… et à la chaleur des plats.
Un thé fumant est servi pour patienter. La serveuse glisse un conseil de lecture à la mère, un petit bijou d’album illustré qui parle d’un jardin secret. Elles échangent quelques mots, des éclats de souvenirs de lecture d’enfance, des titres griffonnés sur un carnet.
Le dessert : une épiphanie sucrée et tendre
Le dessert est une caresse : moelleux au chocolat noir, cœur fondant de praliné, éclats de fèves de cacao. La cuillère fend la surface comme on entrouvre une couverture précieuse. Il y a du réconfort dans cette douceur. L’enfant rit, chocolat au coin des lèvres, mains tendues vers la part de son père.
Un album illustré s’ouvre en grand sur la table : “Le voyage de l’escargot”. Le père lit doucement. La mère écoute. Leur fille s’endort, la tête posée sur le genou de sa maman. Le moelleux refroidit un peu, mais peu importe. Le moment est là. Entier. Parfait.
Ombellule : un lieu où le livre est vivant, et le lien aussi
Tout ici est pensé pour le lien. Celui entre les mots et les mets. Celui entre les générations. Celui entre les sensibilités. Ce n’est pas un simple restaurant, c’est une bibliothèque vivante où l’on mange, une maison de l’âme où les enfants sont des rois silencieux et les adultes des rêveurs retrouvés.
Le service est doux. Présent sans insistance. Comme une ponctuation bien placée dans un roman délicat. On peut rester des heures, à lire, à écrire, à discuter. À se taire aussi, parfois. Car à Ombellule, même le silence est littéraire.
En sortant, le couple échange un regard complice. Leur fille dans les bras, un petit livre offert à la main, ils sentent que quelque chose a changé. Ce n’était pas un repas. C’était un chapitre de leur histoire. Un de ceux qu’on relit longtemps.
Un dernier mot, comme une dédicace
Ombellule est une adresse pour ceux qui aiment les mots, les enfants, le calme, les gâteaux maison, le thé infusé lentement, les histoires qui collent aux doigts comme le miel sur une tartine. C’est un lieu pour se retrouver. Pour rêver. Pour transmettre. Il faut y aller doucement, avec le cœur ouvert, et l’âme prête à être touchée.
On y retourne. Forcément. Ne serait-ce que pour relire cette page.
Restaurant & Librairie Ombellule
📍 Adresse : 4 Rue Professeur Weill, 69006 Lyon
📞 Contact : +33 6 84 18 51 71
🌐 Site web : www.ombellule.fr
