le pre catelan
3 étoiles DESTINATIONS FRANCE GASTRONOMIE PARIS RESTAURANT ÉTOILÉ

Une parenthèse enchantée au Pré Catelan : lecture, lumière et amour sous les arbres

Un matin doux comme un murmure

Il y a des jours où le cœur choisit de battre autrement. Des jours où l’on quitte le vacarme du quotidien pour laisser place à la tendresse, à la lenteur, au partage. Ce dimanche matin-là, Paris s’éveillait doucement, encore enroulée dans les brumes d’un printemps timide. Nous avions promis à notre fils une promenade, un moment à trois, suspendu hors du temps. Mais nous ne savions pas encore que le Pré Catelan serait bien plus qu’un simple décor. Il serait un poème vivant.

Le Bois de Boulogne s’étendait devant nous, vaste, vibrant, mystérieux. Le pas léger, l’enfant entre nous deux, main dans chaque main, nous avancions vers ce lieu dont le nom lui-même évoque le charme et le raffinement. « Pré Catelan » — comme une promesse chuchotée à l’oreille des rêveurs.

Entrée dans un monde feutré

Derrière les grilles discrètes, une allée bordée de platanes centenaires nous accueillit. Le silence y avait une texture particulière, presque ouatée. Le chant des oiseaux se mêlait aux éclats de voix lointains, et déjà, quelque chose s’apaisait en nous. L’enfant leva les yeux vers les feuillages dansants, et nous, vers lui. Il y avait dans son regard une lumière que seule l’innocence sait offrir.

En approchant du restaurant, le temps se ralentissait. L’architecture classique de la bâtisse, entre blancheur immaculée et lignes nobles, contrastait avec la nature foisonnante alentour. Une harmonie rare. Nous fûmes accueillis avec la douceur de ceux qui savent. Pas de chichis, pas de raideur. Juste une élégance fluide, comme un roman qu’on ouvrirait à la première page.

Une salle comme un écrin de calme

Le plafond haut, les lustres cristallins, les tables nappées de blanc… tout respirait la sérénité. Mais ce qui nous saisit d’emblée, c’était la lumière. Une lumière dorée, filtrée par les grandes fenêtres ouvertes sur le parc. Elle caressait les murs, les couverts, nos joues. Notre table, légèrement à l’écart, semblait nous attendre depuis toujours. Une chaise haute nous avait été préparée, avec une attention qui touche droit au cœur. Notre petit garçon, du haut de ses trois ans, fut accueilli non comme un enfant qui accompagne, mais comme un convive à part entière. Respecté, regardé, écouté.

Une première bouchée comme un vers de Baudelaire

L’amuse-bouche arriva comme un secret soufflé à l’oreille : une gelée de petits pois, surmontée d’une écume au citron vert. À peine posée sur la langue, elle éclata en fraîcheur. Le silence à notre table fut soudain plus dense. Nous nous sommes regardés, et avons souri. Il n’y avait rien à dire. Tout était là.

Le pain, encore tiède, était servi avec un beurre doux à la fleur de sel. Notre fils y trempa un morceau, le porta à sa bouche, et ses yeux s’agrandirent. Le voir goûter, savourer, explorer, c’était comme lire à voix haute un poème qu’on connaît par cœur, mais qu’on redécouvre à travers sa voix.

Le voyage des saveurs : de l’éveil à l’extase

L’entrée, un carpaccio de langoustines, relevé de gingembre confit et de mangue verte, jouait les funambules entre mer et tropique. Chaque bouchée résonnait comme une strophe : fine, vive, sensuelle. À côté, notre fils observait, curieux. Il voulait comprendre, sentir, toucher. Nous lui avons tendu une cuillère. Il a goûté. Il a aimé. Un frisson nous a traversés : il lisait, à sa manière, les premiers vers d’un art nouveau.

Le plat principal fut une révérence à la nature : un filet de veau rôti au foin, accompagné d’un jus réduit au thym, d’un millefeuille de légumes oubliés et d’une fine mousseline de céleri. C’était un plat profond, presque méditatif. Il évoquait les soirs d’enfance autour du feu, les parfums des sous-bois, les histoires chuchotées à la lueur des bougies.

Chaque bouchée était un mot, chaque assiette une page tournée. Nous ne parlions presque plus. Nous lisions le monde, ensemble, avec les papilles. L’enfant, entre deux éclats de rire, grignotait une carotte fondante, s’endormait presque entre nos bras.

Une pause sucrée, comme une dernière page

Le pré-dessert arriva comme un haïku : sorbet de citron basilic, granité de concombre, perles de yuzu. Une fraîcheur qui réveillait le palais et l’âme. Puis, vint le dessert. Un millefeuille de framboise et crème légère à la vanille bourbon, parsemé de fleurs comestibles. Il y avait là la grâce d’un dernier chapitre. Celui qu’on referme à regret, le cœur plein, les yeux brillants.

Notre fils, lui, observait la fine couche caramélisée se briser sous la cuillère. Il plongea dedans avec cette audace des enfants qui n’ont pas peur de la beauté. Et à cet instant précis, nous sûmes que nous venions de lui offrir bien plus qu’un déjeuner. Nous lui avions offert un souvenir, un poème vivant.

Après la lecture, le silence

Le café fut servi sur la terrasse, à l’ombre d’un platane. Le soleil jouait dans les cheveux de notre fils, qui s’endormait doucement sur mes genoux. Le monde avait disparu. Ne restaient que nous trois, et ce moment suspendu. Nous avions lu ensemble une histoire de goûts, de textures, d’émotions. Une histoire écrite par un chef, mais vécue comme une balade intérieure. Le Pré Catelan ne nous avait pas simplement nourris. Il nous avait réunis.

C’est cela, peut-être, la véritable lecture : celle qui unit, qui bouleverse, qui transcende. Et dans ce temple de la gastronomie, nous avions trouvé une bibliothèque invisible, faite de senteurs, de douceurs, de silences partagés.


Le Pré Catelan

📍 Bois de Boulogne, Route de Suresnes, 75016 Paris
📞 Tél. : +33 1 44 14 41 14
🌐 Site : www.precatelanparis.com


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